mercredi 2 mars 2016

LES MEDIAS ET LA POLITIQUE

Depuis 1965, pour gouverner le pays, les Français s'en remettent, in fine, au seul Président de la République. Est-ce bien raisonnable ?
Quand on songe aux formidables potentialités contenues dans la masse du peuple au regard de la toute puissance du seul Président, on reste confondus. Il y a là comme un hiatus,comme un déni de démocratie malheureusement institutionnalisé par la Constitution.
Quand des millions de citoyens sont amenés à n'en désigner qu'un seul appelé à devenir leur chef, au bout du compte il peut y avoir des surprises...En effet, on peut tomber sur un bon président soucieux du bien-être de son peuple comme on peut tomber sur un mauvais président déclencheur conscient ou involontaire de désastres économique, social, culturel et politique. Il y a un risque.
On a vu des cas,dans plusieurs pays, de personnages régulièrement élus grâce au soutien des médias de l'époque - c'était ce qu'on appelait la propagande, parvenir à la tête de l'Etat, puis, toujours soutenus par les mêmes, conduire leur pays et même toute l'Europe à la catastrophe, au désastre.
En France, même si le président est élu directement par l'ensemble des citoyens, rien nous garantit que le pays soit à l'abri de telles mésaventures, de telles errements.
La meilleure des garanties serait de changer et la Constitution et le mode d'élection du président..
Pour réussir ces deux changements fondamentaux, il faudrait que le peuple prenne conscience que cette espèce de binôme - qui dure depuis plus de 50 ans - nous a ôté plus de pouvoir qu'il ne nous a donné de droits .Contre un vote de prestige nous avons légué au président notre capacité d' initiative
 populaire et citoyenne. Pour retrouver cette capacité,on s' efforcera de développer la notion de démocratie participative dans la population et cela, dès l'école. On s'efforcera également de ne plus prendre les décisions dans l'immédiateté sous l'effet de réactions épidermiques ou de sentiments religieux. C'est dire qu'il faut vite remettre la raison au centre de la vie politique, intellectuelle et sociale.
Mais, pour plus s'investir et avant tout se forger leur opinion politique, ou tout simplement pour éclairer leur lanterne lors des consultations électorales, les citoyens ordinaires, surtout ceux qui ne sont pas militants ni d'un parti, ni d'un syndicat, tous ont un impérieux besoin de s' informer.  Et qui les informe ?
Internet mis à part, les grands médias s'en chargent par l'intermédiaire de leurs journalistes de la presse écrite et des grandes chaines de télévision lesquelles apportent l'info à domicile et en images. C'est commode et divertissant.
Ces journalistes sont face à une double exigence
La première : assurer leur propre salaire et leur carrière grâce au soutien qu'ils peuvent apporter à leur entreprise et à leur employeur.
La seconde : assurer l'impartialité de l'information qu'ils diffusent en respectant la déontologie de la profession et les principes républicains de liberté, d'égalité, de laïcité.
Quelques journalistes -  les plus courageux -  sont quittes envers ces deux exigences. Malheureusement, les autres et particulièrement les journalistes politiques,se moquent éperdument de la seconde .Dans la presse écrite ou sur diverses chaînes télé, leur partialité va même très loin, jusqu'à prendre lecteurs ou téléspectateurs pour des demeurés.
Je n' exagère pas,en voici quelques exemples dont je me souviens.
En pleine campagne présidentielle, Jacques Chirac vient à Lyon : le Palais des Sports est plein.
Le lendemain, dans Le Progrès " 8000 personnes pour Chirac "
Une semaine plus tard, Lionel Jospin fait lui aussi salle comble dans cette même enceinte
Le lendemain, dans Le Progrès " huit cents personnes au Palais des Sports pour Jospin "
Vous lisez bien, c'est  huit cents en lettres, donc, pas d'erreur  de zéros. Le ou les journalistes ont  ainsi apporté leur mesquine contribution à la défaite de Jospin.
Autre exemple, lors des présidentielles de 2012, Jean Luc Mélenchon vient à Lyon,
Pas une seule ligne dans Le Progrès pour annoncer le meeting, pourtant, deux immenses salles ne suffiront pas pour accueillir plusieurs milliers de personnes enthousiastes.( on a parlé de dix mille personnes )
Le lendemain, dans Le Progrès, pas une ligne, pas un seul mot, Mélenchon complètement snobé. La honte, pour un journal qui, pendant la guerre, s'était sabordé pour défendre l'impartialité de la presse.
Encore un exemple : en  2015, Jean Luc Mélenchon est invité sur une grande chaîne de Télé, un dimanche vers 18 h . Trois journalistes essaient de lui  tenir tête. Peine perdue.Très à l'aise, il est "imprenable " et les trois journalistes se retrouvent penauds à la fin. Mélenchon quitte alors le plateau et les trois compères restent à l'antenne, refont le match à leur avantage, cette fois. Que n'a-t-on pas entendu alors sur J- L M : il fut véritablement calomnié par les trois loups encore tout estourbis par la proie qu'ils avaient en vain convoitée.
Décidément, les médias n'aiment pas la gauche, encore moins quand elle est représentée par Mélenchon.
Au train où vont les choses, je me demande si, après 2017, ces notions d'éthique et d' impartialité auront encore un sens dans le P.A.F.ainsi que dans la presse française. J'espère qu'elles résisteront aux tentatives de saccage de la République qui s'annoncent.
Je ne dramatise pas. Depuis une quinzaine d'années, la télé, mais pas seulement, nous fait bouffer du Le Pen  à longueur d'antennes, le grand père, la fille, la petite fille. Pourquoi cet acharnement à faire mousser le Front National, alors que cette formation politique porte en elle des caractéristiques incompatibles avec la grande majorité du peuple ?
Parce que les stratèges de la droite et de la finance, sont bien placés pour savoir  que les partis qui ont dirigé le pays pendant 72 ans sont maintenant au bout du rouleau, leurs promesses et le jeu de chaises musicales au gouvernement n' y changeront rien pas plus que la quarantaine de milliards versés aux chefs d'entreprise..Les récents résultats électoraux prouvent par les abstentions et la progression du F.N.que  la colère monte au sein du peuple.
Les stratèges savent aussi que le seul danger qui menace la survie de la dialectique UMPS, c'est un bon en avant de la gauche Ecosocialiste emmenée par Jean -Luc Mélenchon, avec son point de départ à 4 millions de voix.         
Alors, pour les stratèges,le premier objectif pour entraver la montée de cette force de progrès, c'est de confier aux médias et à leurs journalistes la charge de faire mousser la famille Le Pen pour donner l'impression que le F.N.est devenu un " un parti comme les autres "
Est-ce à dire que stratèges et journalistes serviles voudraient Marine Le Pen comme présidente ?
Je pense que non car les relations que la Dame entretient avec certaines formations politiques étrangères proches des néo-nazis, sont  - dans l'immédiat -  plus une gêne qu'un appui intéressant. D'autre part, ils doutent des capacités de la Dame, si bien que chaque candidat voudra l'avoir comme
adversaire au deuxième tour dans l'espoir de reproduire le scénario de  la présidentielle de 2002 où Jacques Chirac l'avait emporté avec 80 % des voix. Mais personne ne la veut à l'Elysée comme marionnette.    
Plus qu'un rôle de marionnette entre les mains des puissants, les stratèges la voient bien mieux dans un rôle de bonimenteur à destination des travailleurs afin  d'enrayer la montée des partisans de J-.L.Mélenchon, socle de la vraie gauche.républicaine laïque et sociale..Finalement, c'est ce qu'elle sait le mieux.faire. 
Pour 2017, les stratèges ont un second objectif, celui de susciter un maximum de candidatures à gauche, d'où le mot d'ordre dans les médias pour ":une  primaire de toute la gauche "
 Cette primaire aura-t-elle lieu ? Et celle de droite ?  J-L Mélenchon va se battre contre la droite, contre le Front National, contre les Hollandais,,  Il est très fort, Soutenons le..Et surtout, n'oublions pas que l'en-jeu dès le premier tour, c'est la République, la sixième, pas la cinquième.